mardi 19 janvier 2010

HAÏTI, HAÏTI...

La terre a menti !!!

Haïti, le 12 janvier dernier, la terre a disparu sous tes pieds et le ciel t’est tombé dessus.
Comme si l’onde tropicale de 2007, le cyclone Gustav de 2008 et l’inondation de 2009, n’avaient pas assez tué !
Comme si tu n’avais pas assez souffert des décennies Duvalier, des années Aristide !
Comme si l’esclavage sous la France, l’Angleterre et consorts ne t’avait pas assez meurtri !
Comme si le fait d’avoir été la première République noire du monde est un péché que tu ne dois pas arrêter de payer, de génération en génération !

Haïti, ce terrible tremblement de terre qui vient s’ajouter à tous les supplices que tu supportes depuis si longtemps, prends-le avec sagesse et philosophie mais n’oublie pas.
N’oublie pas que tu ne dois pas toujours rester couché. N’oublie pas que tu ne dois pas donner l’occasion aux maîtres d’hier de se moquer de tes deux décennies d’indépendance, comme ils sont en train de se moquer des cinquante années d’indépendance des pays d’où sont partis tes enfants.
J’ai mal au cœur de savoir que parmi tous ceux qui organisent l’immense mobilisation des peuples qui volent à ton secours, il y a des hypocrites, des mercenaires, des commerçants, des traîtres, des renégats, des personnes qui n’agissent ni par amour sincère, ni par esprit de solidarité vraie, mais par intérêt, par esprit de fourberie ou d’ostentation ou par raillerie.
J’ai mal au cœur de savoir que ta vulnérabilité, ta fragilité dues à une situation géographique que tu n’as choisie, font oublier que ce fut toi l’ouverture de la voie qui fit entendre les premières voix du droit à l’indépendance des peuples noirs.
De toi, on ne retient aujourd’hui que l’image d’une République maudite à problèmes, d’un pays malheureux qui fait pitié, d’un état misérable qui doit sa survie à la solidarité, même empoisonnée, des autres.
N’oublie pas que tous ces élans autour de toi aujourd’hui s’estomperont demain et que tu tomberas dans l’oublie parce que d’autres urgences prendront le relais. Voilà pourquoi, tu dois te lever pour travailler davantage pour une unité nationale renforcée, une cohésion sociale indestructible, une gouvernance humaine et digne. Tu dois te lever pour veiller afin de te protéger contre les manigances des cœurs noirs qui ne veulent pas te voir t’épanouir, te prémunir contre les furies ravageuses d’une nature qui de force que contre les faibles.
Haïti, Haïti, la terre a menti qui a tremblé et fait trembler trois fois des cœurs ce jour-là !!! La terre s’est trompée de cible, elle s’est trompée d’adversaire, elle s’est trompée de pays, elle s’est trompée de repère ! Parce que toi tu n’es ni la nouvelle Sodome, ni la nouvelle Gomorrhe, pour mériter un châtiment si démesuré.

Haïti, Haïti, la terre a menti !!!

Parce que toi tu n’as rien fait pour porter le poids de toutes les catastrophes naturelles et de toutes les turpitudes humaines du monde.
Haïti, Haïti, j’ai foi qu’un jour ton soleil se lèvera si tes fils se souviennent du combat des années 1800 avec Toussaint Louverture, avec Jean-Jacques Dessalines, avec tous les autres grands anonymes qui ont donné leur sang et leur vie comme premiers sacrifices pour aboutir à l’indépendance.
Pour le moment, reste fort Haïti, devant une apocalypse que ta seule bonne volonté n’aurait pas pu empêcher et pardonne à tous ceux dont la science aurait pu te prévenir mais qui, parce que tu n’as jamais constitué pour eux une priorité, ont attendu que la terre tremble pour te donner la preuve de leur bonté, de leur générosité, de leur humanité.
Nous pouvons toujours renouveler notre foi en Dieu et prier pour la fin de la malédiction d’être à la fois noirs et pauvres. Parce que Dieu n’est pas mort, Haïti. Dieu n’est pas sourd. Et toi tu n’es pas maudit !
Haïti, Haïti, la terre a menti aujourd’hui, mais demain est un autre jour. Bon courage !

Chers lecteurs, prions ensemble le Très-Miséricordieux afin qu’il nous évite de nouveaux drames du même genre que celui que vit Haïti.

Bien à vous.

MINGA